http://www.humanite.fr/vintimille-menton-mortelle-frontiere-616750
Début septembre, un jeune exilé a été retrouvé mort sous un viaduc aux abords de Menton. La pression policière pourrait en être à l’origine.
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Début septembre, un jeune exilé a été retrouvé mort sous un viaduc aux abords de Menton. La pression policière pourrait en être à l’origine.
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Début septembre, un jeune exilé a été retrouvé mort sous un viaduc aux abords de Menton. La pression policière pourrait en être à l’origine.
Personne ne connaît son nom. Personne ne portera la funeste nouvelle à ses parents, de l’autre côté de la Méditerranée. Il est tombé, dans la nuit du 5 au 6 septembre, d’un pont autoroutier à la hauteur du village de Saint Agnés, à la sortie de Menton, et ne s’est jamais relevé. Pour les autorités, c’est un migrant « d’origine africaine ». Pour des dizaines de personnes indignées, c’est un homme dont la mort symbolise les conséquences de la pression policière grandissante, à la frontière franco-italienne, pour barrer la route aux réfugiés.
« Fuyant sans doute une patrouille de la gendarmerie, il a été trouvé mort sous le viaduc », indique le communiqué appelant à se rassembler en sa mémoire, le 18 septembre. La préfecture refuse de faire tout commentaire sur les circonstance du drame : « L’enquête est en cours. » En tout cas, ce soir-là, des policiers ont donné l’alerte après avoir vu une personne sauter du pont.
Les témoignages évoquant des exilés marchant, perdus, sur l’autoroute et des contrôles parfois musclés sont légion. Un autre jeune, soudanais, est actuellement entre la vie et la mort à la suite d’une chute dans la même zone et dans des conditions similaires. Et le procureur de la République juge « incroyable que l’on n’ait pas plus d’accidents ».
L’A8 coupe en six endroits la route de Saint-Aunès. Selon une source anonyme de la Croix-Rouge, le jeune exilé décédé serait tombé au niveau du premier croisement, juste après l’entrée d’autoroute de Menton. Au pied de l’immense pylône de béton, une pente abrupte, plantée de buissons et de ronces, est jonchée d’habits et de chaussures abandonnés. Difficilement accessible, l’endroit est indiscutablement un lieu de passage.
Mais plus étonnants sont ces mètres de rubalise sur lesquels est inscrit « Polizia Municipale ». Déchiquetés en dizaine de morceaux, ils s’éparpillent dans les fourrés trop peu épais pour amortir la chute mortelle du jeune Africain. Qu’est venue faire une police municipale italienne à plusieurs kilomètres de la frontière, sous un pont autoroutier ?
« Un véritable black-out a été instauré par les autorités ! s’indigne Martine Landry, responsable d’Amnesty International dans les Alpes-Maritimes. Depuis le renvoi, par l’Italie, de quarante-huit Soudanais à Khartoum, les réfugiés ont peur de la police et veulent rapidement passer la frontière, quitte à prendre des risques encore plus importants. »
À Vintimille, depuis le début de l’été, les autorités pourchassent quotidiennement les exilés afin de les faire monter dans des bus en direction du sud de l’Italie. Au mois d’août, par ailleurs, deux cents réfugiés ont forcé les barrages aux postes frontières de Menton. « Ce jour-là, on a assisté à de véritables scènes de chasse à l’homme, reprend Martine Landry. La police courait au milieu des touristes en criant : “Arrêtez-les !” »
Durant l’été, la tension est indéniablement montée d’un cran entre policiers et réfugiés, des deux côtés de la frontière.
Quotidiennement, exilés et citoyens solidaires en témoignent. Dans l’église Sant’Antonio di Padova, sur les rives de la Roya, des familles sont mises à l’abri. Dans la cour, Micky, un jeune Érythréen au regard doux, se lève difficilement de son banc. Il a la jambe plâtrée et se déplace avec des béquilles. « J’ai passé la frontière par les montagnes, raconte-t-il, fataliste. Des policiers se sont mis à me courir après. À un moment, j’ai sauté. J’ai fait une chute de cinq à six mètres. Ils m’ont laissé là et sont repartis. Moi, je me suis endormi. » À son réveil, le lendemain, Micky a choisi de rebrousser chemin jusqu’au poste frontière pour demander de l’aide. Il a été conduit à l’hôpital, puis orienté vers l’église. « Je suis parti pour fuir la guerre au Darfour, explique Adam, un Soudanais plus âgé. Et on apprend que des gens peuvent mourir ici poursuivis par la police ! Bien sûr qu’on a peur… J’espère passer en France le plus vite possible. »
Autre exemple de l’acharnement policier à l’œuvre dans la région : lundi 19 septembre, un groupe de femmes arrive chez Hubert. C’est un militant associatif français qui accueille régulièrement chez lui, à Tourrettes-sur-Loup, des exilés ayant franchi la frontière grâce aux réseaux de solidarité. Une des jeunes femmes fait un malaise. Hubert appelle les pompiers qui se déplacent mais refusent de la prendre en charge parce qu’elle n’a pas de papiers. Ils repartent. Deux policiers sonnent alors à la porte. Ils constatent que vingt-cinq personnes sont hébergées dans la maison. Ce n’est pas une surprise. Le lieu a déjà fait l’objet de plusieurs reportages dans la presse locale et nationale. Le lendemain, trente policiers armés investissent l’endroit. La plupart des réfugiés parviennent à s’enfuir dans les bois avoisinants. Hubert est placé en garde à vue et neuf personnes sont interpellées, dont la jeune exilée malade. Tous ont été illégalement reconduits en Italie et placés dans des bus en direction des hotspots du sud du pays. Lundi, encore, douze mineurs sont parvenus, depuis Vintimille, à rejoindre en groupe la commune de Breil-sur-Roya, en France. « Des militaires armés leur ont couru après dans les rues et jusque sur les voies de chemin de fer », explique Nathalie, une habitante du village. Les jeunes ont finalement échappé aux soldats en se réfugiant derrière des rochers aux abords des rails. Ils ont ensuite été pris en charge par la population, qui a décidé de les protéger. Celui qui est tombé, dans l’anonymat, sous le viaduc de Saint Agnés est mort de n’avoir pas eu cette chance.
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