Pour soulager la pression sur Calais, le gouvernement veut répartir 12.000 migrants à travers la France. Le département échappe à la règle. Ou presque…
OPPOSITIONS
La préfecture des Alpes-Maritimes a néanmoins procédé, au cas où la position gouvernementale venait à évoluer, à « un recensement des structures d’hébergement existantes » qui pourraient dès lors être réquisitionnées. Il n’en fallait pas plus pour provoquer la levée de bouclier de certains élus azuréens.
A l’image de l’assemblée Départementale ou de la Ville de Mandelieu, plusieurs collectivités ont préféré prévenir que guérir en adoptant des motions s’opposant à la création d’un CAO sur leur territoire.
Un avis que partage la municipalité de Vintimille.Le ministre de l’Intérieur italien, Angelino Alfano, avait d’ailleurs expérimenté la « solution française » dès le mois de mai dernier dans son propre pays.Le camp de la Croix Rouge avait été démantelé et les migrants de Vintimille envoyés vers des hot spot à l’autre bout de la botte. « ça ne marche pas! », pointe du doigt Hubert Jourdan, le président de l’association Habitat et Citoyenneté.
« Tout simplement parce que ces gens veulent rejoindre un ami, un frère, un mari qui se trouve en France, en Angleterre ou en Suède. Regardez à Vintimille. Ils sont aujourd’hui deux fois plus nombreux qu’avant. Ca va se passer de la même manière en France. Ils vont retourner à Calais. Tout simplement parce que c’est leur choix. Ce sont les migrants qui décident où ils veulent aller, pas les États. »
ACCUEIL ASSOCIATIF
De même que l’absence de CAO n’empêchera pas l’accueil de migrants, y compris dans les Alpes-Maritimes.Tout simplement, parce qu’autour de la plateforme forum réfugié de nombreuses associations se sont organisées pour venir en aide à ces exilés. C’est le cas du réseau welcome, par exemple. « Cette antenne du service jésuite des réfugiés a été réactivée dans les Alpes-Maritimes, en novembre de l’année dernière, suite à l’appel lancé par le pape », explique son coordinateur diocésain Claude Seguin. Plus de 25 familles azuréennes et quelques institutions religieuses telles que le foyer de charité de Roquefort-les-Pins ou encore les religieuses de Castagniers, ont déjà permis d’offrir un hébergement à une vingtaine de personnes allant de quelques semaines à plusieurs mois.
« Il s’agit exclusivement de demandeurs d’asile, précise Claude Seguin, auxquels on offre une solution temporaire en attendant qu’une place en Cada (centre d’accueil des demandeurs d’asile) se libère. »
« 0,005% DE LA POPULATION »
Hubert Jourdan avoue quant à lui ne pas faire de distinction. « Tous simplement parce que pour moi tous ces exilés sont par définition en quête d’un abri, ils sont donc tous des réfugiés. Qui peut prétendre le contraire quand on sait qu’ils viennent d’Erytrée, du Soudan ou encore de Syrie. »
Pour ce militant le reste n’est que tracasseries administratives.Et peu importe si ceux qu’il accueille chez lui ne rentrent pas dans les cases.
« J’ai de la chance d’avoir de l’espace, explique cet habitant de La-Colle-sur-Loup, alors je leur offre l’hospitalité. »
C’est ainsi depuis « plus de cinq ans ». Hubert a accueilli « plus de 1.000 migrants ». En toute discrétion. « Sans que cela ne pose le moindre problème. »
Du coup il trouve un « peu ridicule » que « des communes de 3.000 ou 4.000 habitants aient du mal à accueillir 15 ou 20 migrants. C’est 0, 005 % de leur population. »
Si ce n’est que ce que redoutent les autorités, c’est moins ceux qui sont là que les dizaines, voire centaines de milliers qui pourraient les imiter, si en favorisant l’accueil de ces flux on créait un appel d’air.
Et :
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Et pendant ce temps, que devient Calais …
http://www.humanite.fr/cazeneuve-demantele-calais-et-ouvre-la-chasse-aux-sans-papiers-617476
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