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Article sur regards.fr « Des passeurs-citoyens poursuivis pour délit de solidarité »

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Accueil > Résistances | Par Gildas Le Dem | 23 novembre 2016

Migrants : des « passeurs-citoyens » poursuivis pour délit de solidarité

Dans la vallée de la Roya (Alpes-Maritimes), des « passeurs-citoyens » portent assistance aux réfugiés qui y transitent dans des conditions de plus en plus difficiles. Plusieurs d’entre eux comparaissent aujourd’hui devant le Tribunal de grande instance de Nice.

Pour les migrants, la situation s’est à nouveau violemment tendue dans la vallée de la Roya. La vallée des Alpes-Maritimes, située à proximité de la frontière franco-italienne, constitue désormais un axe privilégié de passage pour les réfugiés venus de Vintimille, plus au sud. Elle permet en effet de contourner la surveillance du dispositif policier franco-italien qui, de Vintimille et Menton à Nice, borde et contrôle tout le littoral méditerranéen. C’est ainsi que la vallée de Roya et ses hauts cols, qui permettent de déjouer la vigilance de la police des frontières, est devenue un lieu de passage obligé pour les migrants. À travers berges de rivières, routes et sentiers de montagne escarpés, souvent enneigés, les réfugiés – désormais le plus souvent des femmes ou des mineurs isolés – tentent de se frayer un chemin vers Nice ou Marseille pour, de là, migrer ailleurs en France et en Europe.

Déjà, cet été, l’État français avait fait donner les militaires de l’opération Sentinelle pour ratisser la région, patrouiller sur les chemins de montagne, parfois même perquisitionner les habitations des résidents qui hébergeaient les migrants en transit. Mais ceux-ci, qu’on appelle dans la vallée les « passeurs-citoyens », entrés en véritable désobéissance civile, endurent désormais des poursuites judiciaires. Un certain nombre d’entre eux doivent en effet comparaître le 23 novembre à 13 h devant le Tribunal de grande instance de Nice, au motif d’« avoir facilité l’entrée, la circulation et le séjour irrégulier » (selon l’article 622 du CESEDA, pouvant entraîner jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 30.000 euros d’amende).

Une révolte et des questions

Comme Cédric Herrou et Pierre-Alain Mannoni, tous font partie d’un groupe informel d’une centaine d’habitants de la vallée, révoltés du sort réservé aux migrants et rassemblés au sein de l’association Roya citoyenne. Agriculteurs, professeurs, retraités ou étudiants, ceux-ci contestent désormais ouvertement les actions de l’État français. La France, au titre de la convention de Genève relative au statut des réfugiés, est en effet tenue d’accueillir les mineurs étrangers isolés.

Mais ceux-ci posent aussi des questions plus larges. Comment imposer les nécessaires changements des politiques migratoires européennes ? Comment dénoncer les causes des migrations, notamment les interventions militaires des pays de l’Union européenne ? Comment permettre l’accès au droit des exilés ? En attendant, qu’ils convoient ou hébergent des migrants, ou qu’ils pratiquent encore des « maraudes », destinées à nourrir et soigner les migrants égarés sur les rivages de la Méditerranée ou les sentiers de la Roya, ces « passeurs-citoyens » continuent de soutenir les réfugiés, quitte à enfreindre la loi et s’exposer à ce qu’il faut bien appeler un délit de solidarité. Une pétition pour les soutenir, intitulée « Solidarité avec les solidaires », est en ligne

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